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Entretien avec le journaliste-photographe Jean Matthieu Gautier


Entretien avec le journaliste-photographe Jean Matthieu Gautier

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1/ Comment êtes-vous arrivé au webdoc ? Qu’est-ce qui vous passionne professionnellement ?

Journaliste-photographe, je travaille principalement pour Enfants du Mékong Magazine, la publication de l’ONG du même nom. Je me sens avant tout « rapporteur de réel », et c’est pour cette raison que le webdoc, en tant que nouvel outils de création et, pour résumer, nouveau moyen de « raconter/rapporter du réel » m’a assez tôt intéressé.
Enfants du Mékong a une tradition de communication particulière, à la fois familiale, intimiste, avant-gardiste autant que faire se peut et surtout, anti-larmoyante et manichéenne. Ma mission en tant que journaliste pour le magazine édité par Enfants du Mékong est donc de rapporter des histoires vécues, de rendre compte de situations concrètes, sans jamais chercher à « faire pleurer mamie ».


2/ De quoi parle votre projet ?
Manila-Moneyla est une sorte de voyage à travers la Manille des mal-logés. La capitale des Philippines compte près de 20 millions d’habitants et attire quotidiennement des centaines de milliers de pauvres venus de toutes les provinces de l’archipel. Ils viennent s’installer à Manille pour fuir des conditions de travail moyenâgeuse ou des conditions climatiques désastreuses et meurtrières  comme l’a récemment rappelé le typhon Washi, en décembre, qui a fait plus de 1 200 morts… et parce qu’ils s’imaginent que leur vie y sera meilleure – un leurre, dans la plupart des cas.
Au fil de ce voyage, l’internaute est invité à s’interroger sur les conditions de vie des habitants des bidonvilles de Manille – des bidonvilles qui peuvent prendre des formes bizarres, comme le cimetière-bidonville de Navotas, à l’ouest de la ville, ou qui sont tout simplement menacés de destruction par les autorités, avec à la clé des solutions de relogements inadaptées. Le parcours des mal-logés de Manille suit malheureusement un cycle qui n’est pas difficile à retracer : ils vont de la campagne à la rue ; de la rue au bidonville ; du bidonville à d’éventuels sites de relogement à l’extérieur de Manille… et beaucoup recommencent le cycle à partir de ce point.
Au-delà de l’aspect documentaire qui consistait à rendre compte de cette situation bien spécifique, Manila-Moneyla permet également de présenter quelques-unes des solutions mises en place par Enfants du Mékong, non pas pour enrayer ce phénomène d’exode rural, mais tout simplement pour venir en aide aux victimes de ces situations.

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3/ Comment avez-vous conçu ce projet ?
Il ne m’a pas été très difficile de convaincre la direction d’Enfants du Mékong. En tant qu’ONG basée en France, s’adressant principalement à des donateurs français, mais traitant de difficultés rencontrées par des populations localisées quant à elles en Asie du Sud-Est, il nous est souvent difficile de faire comprendre certaines situations, certains aspects de la vie des gens auprès de qui nous intervenons. Par son caractère immersif et interactif, le webdocumentaire apparait comme l’un des outils les plus efficaces pour arriver à cette compréhension. J’ai commencé à m’impliquer sur ce projet en décembre 2010 en suivant un flux de production dont je ne maîtrisais pas l’intégralité des tenants et aboutissements : écriture du scénario, prise de contact avec le terrain pour organiser le tournage, en février-mars, dérushage, début du montage… puis mise en ligne, en octobre, sur le site du magazine La Vie dans un premier temps, et depuis peu sur un mini-site conçu spécialement par Enfants du Mékong.


4/ Comment avez-vous travaillé sur le montage ?
Manila-Moneyla est un projet composé à 80% de photographies, animées ou non. La première étape consistait donc à réaliser un éditing cohérent et le plus sélectif possible. Ensuite est venue la phase de montage sonore – une petite découverte pour moi… agréable mais parfois éprouvante. Puis le montage interactif sur Klynt – pour lequel j’aurais à peu près le même commentaire, à quelques nuances près.

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5/ Quelles retours avez-vous reçu de la part des lecteurs (spectateurs) ?
Les retours ont été très positifs au début, avec une moyenne de près de 9 minutes de temps passé sur le site et un taux de rebond de moins de 30% – je pense que nous avons bénéficié d’un petit effet sympathie sur les réseaux sociaux et de la part de différents blogs, ainsi que quelques retombées presse, notamment sur France Info, France 24, Le Monde.fr, Le Mouv’… Ainsi qu’une très belle critique sur Le blog documentaire. Et puis les choses se sont un peu tassées. Nous verrons pour la suite.


6/ Pourquoi avoir choisi Klynt ?
C’est d’abord le hasard qui m’a fait tomber sur Klynt. Et en y regardant de près, ce logiciel semblait offrir beaucoup d’avantages, à commencer par une réduction de coût – le budget dont je disposais n’était évidemment pas mirobolant, insuffisant en tout cas pour faire appel à une chaîne de production avec monteur, monteur interactif, flasheur, graphiste, designer sonore etc., – et surtout une certaine forme de liberté. Par ailleurs, la possibilité qu’il offrait de maîtriser un projet de bout en bout via son interface me semblait assez novatrice et comme le logiciel est relativement facile à appréhender… J’ajouterais que la caution « Honkytonk » était un gage de sérieux non négligeable. Bref, je n’ai pas eu beaucoup à hésiter et de fait, à l’usage, en dehors de certains petits couacs – la version de Klynt dont je disposais pour mon montage était une béta – les quelques semaines que j’ai passées avec Klynt m’ont convaincues de réitérer l’expérience pour mes projets à venir.


7/ Un projet futur sur lequel vous aimeriez communiquer ?
Je repars dans quelques jours au Cambodge pour y tourner – toujours pour Enfants du Mékong – un projet de webdocumentaire sur la jeunesse. Et le montage se fera avec Klynt ! Le storyboard est déjà en place dans l’interface, ainsi que la plupart des séquences avec leurs liens etc. Il n’y a plus qu’à intégrer les médias…

— propos recueillis par Damien pour le HonkyLab