Klynt.net

- Le premier webdoc de Télérama réalisé avec Klynt - 

 Entretien avec Henri-Pierre Fargeon, rédacteur-graphiste et responsable du projet

1/ Comment en êtes-vous arrivé au webdoc et plus généralement au multimédia ? Quelle est votre formation ?

Après des études de lettres, j’ai commencé à travailler dans l’édition littéraire. Vers la fin des années 90, je me suis intéressé à l’édition multimédia. Un peu plus tard et après avoir suivi quelques formations, j’ai été embauché à Télérama pour développer des sujets multimédia. Fin des années 90, début 2000, on n’appelait pas ça des “webdocs” mais des objets multimédia (c’était les débuts de Flash). Mon idée était d’utiliser le multimédia dans toutes ses composantes : le son, la vidéo, le texte et l’image avec une couche de graphisme et rendre un sujet acidulé comme un bonbon, en travaillant sur le fond mais aussi sur sa mise en forme.

Je me suis formé un peu tout seul et en partie grâce aux formations que proposait le journal (Première, Flash, Director, Photoshop) et puis aussi beaucoup de bidouille, le bricolage est une composante importante du multimédia.

Actuellement mon poste au sein du journal est rédacteur graphiste. Cela consiste à mettre en forme graphiquement sur le net le contenu créé avec et par la rédaction. J’ai beaucoup fait de mises en page et de maquettes pour le site. A côté de l’animation visuelle du flux de la page d’accueil, je travaille sur des sujets vidéos qui me tiennent à cœur comme la bande dessinée, ou les cultures visuelles et d’autres en équipe comme “Des mots et du Jazz”.

2/ De quoi parle votre projet ? 

Le projet s’est développé d’après une idée originale de Louis Michaud, un étudiant en musicologie, ancien stagiaire à Télérama. Il avait proposé cette idée de rencontrer des musiciens du jazz pour aborder les mots-clés du vocabulaire de ce genre musical. Il a fait une sélection de mots et nous a proposé des musiciens qui sont des pointures dans leurs domaines. On est allé voir ces spécialistes avec des caméras et on les a enregistrés chez eux avec leurs instruments.

L’idée était que chacun d’entre eux décrypte de manière pédagogique un mot du jazz et l’illustre avec son instrument. C’est comme ça que l’on a rencontré des musiciens comme le pianiste Guillaume De Chassy, le batteur Rémi Vignolo ou encore Médéric Collignon qui nous explique ce qu’est le SCAT dans le Jazz à partir de l’expérience de Louis Amstrong et en faisant même une démo vocale.

L’idée au départ n’était pas d’avoir une approche multimédia mais juste d’avoir des modules vidéos autonomes que l’on publierait sur le site chaque semaine. Finalement le projet a été retardé, Louis a terminé son stage et on n’a pas eu le temps de finir le montage des vidéos. Avec le temps, on s’est dit que ce serait peut être judicieux de les rassembler et de tenter l’expérience sous une approche multimédia. A la rentrée de septembre, j’ai repris le travail dans l’idée de trouver un logiciel pour développer les modules dans une approche multimédia, c’est à ce moment là que j’ai entendu parler de Klynt.

3/ Comment avez-vous conçu ce projet ? 

On est une demi douzaine à avoir gravité autour de ce projet, dont 3 ou 4 autour du travail vidéo. Jean Baptiste Roch, qui a travaillé avec nous sur les captations vidéo des musiciens et Pierrick Allain, qui a réalisé le montage des vidéos. Le projet est un peu resté en suspens parce que c’est un projet sur lequel on a travaillé en marge de nos tâches quotidiennes. En septembre, j’ai proposé de reprendre le sujet en l’adaptant au format multimédia. Étant donné que cela fait partie de la volonté du journal d’essayer et de faire de la recherche sur les nouveaux formats, je n’ai pas eu de soucis pour convaincre la rédaction. D’un point de vue éditorial, tenter des expériences, c’est aussi ce qui fait l’intérêt du format web.

 4/ Comment avez-vous travaillé sur le montage ?

J’ai commencé par travailler sur une version démo du logiciel. Ce que j’ai aimé dans le montage, c’est que l’on commence par l’arborescence. Concevoir l’arborescence de ce projet n’a pas été compliquée : on a des mots, et une vidéo pour chaque mot. Ensuite, j’ai travaillé avec Béatice Kahn et Louis Michaud sur l’édition.

Autour de ces musiciens qui expliquent les mots du jazz, on a ajouté des compléments d’information telles que des petites définitions du mot sous format texte et il nous a semblé important de donner des exemples illustrés par des grands noms du jazz, de situer ce vocabulaire dans la grande histoire du jazz : c’est ce que l’on a appelé “morceaux choisis”.

Le projet, c’est à la fois les mots du jazz expliqués par des musiciens contemporains mais aussi à travers des exemples tirés de l’histoire du jazz.

Honnêtement, ça nous a pris pas mal de temps, le sujet n’avait pas été conçu dès le départ pour apparaître sous cette forme. Pour nous, c’est vraiment une première expérience.

 5/ Votre projet est composé d’éléments réalisés en Flash. Pourquoi avez-vous fait ce choix ? Quelle est selon vous la plus-value de ces éléments dans le cadre de votre projet ?

Flash m’a permis de dynamiser un chouïa l’interface. L’utilisation de Flash, en l’occurrence dans ce projet, est très minimaliste, c’est juste l’interface du menu avec les mots qui se déplacent. Pour moi, c’est un compromis entre la vidéo et l’interactivité.

6/ Vous avez particulièrement bien réussi à personnaliser l’interface de votre projet. A ce sujet, auriez-vous une astuce à partager avec la communauté Klynt ?

Ce n’est pas un logiciel compliqué donc c’est assez facile de se l’approprier. Ensuite la mise en forme, c’est du graphisme. C’est la volonté de créer un contenant qui soit en adéquation avec le contenu, en l’occurence ici, l’idée était d’essayer d’être plutôt attrayant et dynamique.

Pour le graphisme, je me suis inspiré de ce qu’avait fait Pierrick Allain en terme de générique dans les vidéos. C’est lui qui avait fait le montage dans After Effects avec des traies de couleurs qui évoluent en fonction de la musique. Je voulais aussi que l’on ait un environnement graphique tout le temps du visionnage et pas juste une vidéo plein écran voilà pourquoi le cadre en couleur.  C’est une petite astuce graphique pas très compliquée.

7/ Pourquoi avoir choisi Klynt ?

A vrai dire, je n’ai pas vu beaucoup de solution qui permettait de faire ce que j’avais envie de faire. J’ai vu Klynt, je l’ai testé, j’ai vu que ça me convenait. Je n’avais pas envie de partir dans une formation compliquée et longue. Klynt m’a paru adapté et simple. Je l’ai choisi pour la simplicité, même s’il y a encore pas mal de boulot pour améliorer le logiciel. Maria Gemayel chez Klynt m’a beaucoup aidé à déjouer les bugs. Merci encore à elle.

8/ Un projet futur dont vous aimeriez nous parler ?

Dans un premier temps, on va voir si ce projet plaît et s’il fonctionne bien. Sinon, je suis déjà sur un autre projet, et puis après celui-ci j’espère encore un autre. L’idée est de développer ce style de format de contenu. On aimerait travailler sur le développement des hors séries du journal qui sont faits dans une autre temporalité que le journal. On voudrait profiter de ces délais moins rapides pour développer avec eux du contenu multimédia.

— Entretien réalisé par Damien Sueur pour le Honkylab.

Bravo à l’équipe de Télérama pour “Des mots du Jazz”, leur premier webdoc réalisé avec Klynt.Découvrez le Jazz autour de 10 mots clés illustrés par des musiciens contemporains : scat, blues, shuffle, chorus…